Rencontre avec Mod : Ou comment aimer ce que l'on fait

« La vie est simple, si votre vie n’est pas simple, vous la vivez de la mauvaise façon. »
Jon Jadai

Mod nous a hébergés à Bangkok. Lorsque nous nous sommes présentés et avons commencé à parler de nos boulots respectifs, elle nous a dit qu’elle avait récemment démissionné de son travail. Et quand nous lui avons demandé pourquoi, la première chose qu’elle a dit était : « Je ne suis pas un robot ». Nous avons tout de suite su que nous allions apprendre beaucoup d’elle sur le bonheur au travail.

Quelle est votre relation avec votre travail ?

Dans un précédent article, nous avons parlé des digital nomades. Mod a eu l’occasion avec un ancien boulot de tendre vers ce style de vie. Elle aime voyager et a déjà visité beaucoup de pays à travers l’Asie et l’Europe. Et il y a deux ans, elle avait trouvé un boulot pour une société allemande qui lui permettait de travailler de partout. Elle était la seule de la société vivant en Thaïlande. Les managers étaient localisés dans des pays différents, et ils la laissaient travailler de partout sous réserve qu’elle fasse bien son travail. Quelle liberté ! Elle pouvait voyager et travailler en même temps. Cependant, le fait qu’elle était seule en représentation en Thaïlande voulait également dire dans son cas qu’il n’y avait pas beaucoup de travail pour elle. Elle a alors commencé à s’ennuyer, beaucoup s’ennuyer. Donc, même si son travail lui permettait de voyager, elle a démissionné.

Mod a ensuite travaillé pour une entreprise qui vend un logiciel de gestion des ressources humaines. Elle était responsable de la construction du cahier des charges du logiciel avec les clients. Mais le logiciel n’était pas été adapté pour eux à la base, et elle n’était pas motivée pour travailler pour un produit qu’elle n’appréciait pas. Alors, elle a démissionné.

Aujourd’hui, elle travaille depuis quelques semaines dans une boîte américaine qui fabrique des meubles design. C’est une nouvelle mission pour elle et elle apprend beaucoup. Mais ses collègues sont très différents d’elle culturellement parlant. Elle veut s’adapter à eux, mais elle veut aussi garder sa personnalité.

Mod n’a pas peur de quitter son travail si celui-ci ne correspond pas à ses besoins et sa personnalité.

Et elle a raison ! Découvrir que quelque chose cloche avec notre boulot n’est pas la fin du monde. En fait, c’est comme en amour. Disons que vous êtes célibataire (ici, sans emploi). Vous êtes inscrit sur un site de rencontres, rendez votre profil le plus attractif possible, et après des heures, des jours de recherche, vous trouvez quelqu’un qui semble être votre alter ego. Vous commencez à vous écrire, puis vous vous rencontrez, et tout se passe tellement bien que vous entamez une relation. De toute évidence, à ce moment-là, vous n’êtes pas déjà persuadé que vous allez vous marier et avoir des enfants, vous avez besoin d’un peu plus de temps. C’est pareil pour votre travail, vous avez fait un CV attrayant, trouvé la société « parfaite », mais après les interviews, lorsque vous êtes embauché, vous ne devez pas penser que ce job va durer éternellement, parce que vous n’en savez pas assez. Si votre partenaire dévoile une personnalité qui ne vous convient pas, vous allez le quitter n’est-ce pas ? Donc, si au final vous vous rendez compte que votre travail n’est pas si bien, parce que vous faites des choses ennuyeuses et vous ne voyez pas quand cela va devenir intéressant, ou que vous vous rendez compte que votre boss se concentre uniquement sur sa carrière et que vous ne voulez pas devenir comme lui, c’est votre droit (et même votre devoir !) d’arrêter le carnage et trouver quelque chose d’autre, après avoir fait de votre mieux pour mettre cette « relation » dans le bon chemin bien sûr.

Resteriez-vous avec quelqu’un qui est riche mais stupide ? Resteriez-vous avec quelqu’un qui vous fait rire, mais vous laisse faire toutes les tâches ménagères ? Resteriez-vous avec quelqu’un qui ne vous rend heureux qu’une semaine par mois ?

Avant et pendant notre voyage, nous avons rencontré beaucoup de gens, jeunes et moins jeunes, qui sont frustrés par leur travail, mais incapables de démissionner . En fait, nous sommes comme coincés dans un travail parce que nous sommes convaincus à notre insu qu’il faut faire ce que nous faisons. Nous n’avons pas fait de choix, le choix a déjà été fait pour nous. On nous a convaincu que notre stratégie de vie était de trouver un emploi et faire tout notre possible pour ne pas le perdre. Parce que la société, les études, les médias nous inculquent que le monde est dangereux et qu’avoir un emploi est le seul moyen sûr de vivre votre vie… Cela était vrai dans les années 1930, mais maintenant les choses ont changé !

Tout le monde a sa raison de rester ou de quitter un travail, et tout le monde a des priorités différentes dans ses attentes professionnelles. J’ai vu mes collègues très malheureux au travail, mais ils ne démissionnent pas, pourquoi ? Peut-être la perspective d’avoir une grande carrière ou de recevoir de bonnes compensations leur apporte plus de bonheur qu’à moi, et donc ils sont assez heureux pour pouvoir rester. Ils sont prêts à réduire une partie de leur bonheur pour garder ce qu’on leur a dit d’avoir : « une bonne carrière dans une bonne entreprise ». Souvent, ils ont mis ce qu’ils pensent qu’ils veulent devant ce qu’ils veulent vraiment. Mais sans en être conscients !

Pour être en mesure de définir si vous êtes vraiment heureux avec votre travail et si vous avez une vrai et honnête relation par rapport à votre job, vous devez prendre du recul et vous poser une question .

LA question

Mod nous a parlé de Jon Jadai, un Thai qui a changé de vie et partage son expérience avec les autres. Quand il était jeune, il vivait dans son village et était heureux, mais avec le développement de la télévision et de la société de consommation, les gens sont venus dans son village et ont commencé à lui dire qu’il était pauvre et qu’il avait besoin d’aller en ville pour avoir une vraie vie et gagner de l’argent. Alors il a commencé à se sentir pauvre et il est allé à Bangkok. Il a travaillé très dur pour gagner de l’argent, mais au final il n’en gagnait pas beaucoup. Il a réalisé qu’il était moins heureux à Bangkok qu’il ne l’était dans son village. Il est alors rentré à la campagne, a construit une nouvelle maison, et cultivé son jardin. Il s’est rendu compte qu’il était à nouveau heureux en vivant une vie simple. Il a alors adopté une nouvelle philosophie de la vie, autour de ce moto : « La vie est simple, si votre vie n’est pas simple, vous la vivez de la mauvaise façon.»

Selon lui, nous avons quatre besoins fondamentaux dans la vie : un toit, de la nourriture, des vêtements et des médicaments. Une fois retourné dans son village, il a décidé de construire sa propre maison, avec des matériaux naturels. Alors maintenant, il se moque des gens soi-disant « civilisés » qui passent 30 ans à payer leur maison, alors que lui peut construire une maison en un mois. Il a également commencé à cultiver son propre riz et ses légumes, et à avoir ses propres poulets et ses poissons. Grâce à cela, il a pu devenir autonome pour vivre. Il a réalisé qu’il n’a pas besoin de tant de vêtements. Il dit que l’on peut acheter autant de vêtements que l’on veut, on reste le même sous ses vêtements, ils ne peuvent pas nous changer. Enfin, il a commencé à apprendre comment guérir grâce aux plantes.

Il a fait une excellente conférence TEDx à ce sujet, et nous vous recommandons de la regarder !

Après avoir regardé ce TEDx, bien sûr, nous n’allons pas nous précipiter vivre dans la campagne thaïlandaise, mais nous pouvons nous concentrer sur certaines des idées inspirantes de Jon Jadai. D’une part, sa philosophie et son mode de vie sont très intéressants. Par exemple, il montre que nous n’avons pas besoin de consommer à tout va pour être heureux. Il donne un excellent moyen de lutter contre notre désir de consommer : quand on veut acheter quelque chose, nous devrions nous poser cette question « Est-ce que je veux l’acheter parce que je l’aime bien ou parce que j’en ai besoin ? ».

Mais d’autre part, nous pensons qu’il n’a pas un impact à long terme sur la société. Il vit en autonomie, et enseigne aux autres comment faire la même chose. Mais nous pensons que ce mode de vie n’est pas compatible avec le progrès de la société dans son ensemble. A l’époque où nous vivions en autonomie, sans profiter les uns des autres, notre espérance de vie était inférieure à celle d’aujourd’hui. Nous avons besoin que la société progresse, dans les domaines de la science, de l’énergie, etc. De plus, les individus ont également besoin de progresser en eux-mêmes pour se sentir bien. Lorsque vous êtes seul, vivant de ce que vous produisez pour vivre, vous n’utilisez pas tout votre potentiel, parce que vous utilisez toute votre énergie pour tout faire par vous-même, au lieu de vous concentrer à faire ce pour quoi vous êtes bon et à vous améliorer.

Cependant, le point le plus important de la conférence de Jon Jadai est qu’il s’est posé la bonne question quand il était à Bangkok, une question que vous devez absolument vous poser : «? Pourquoi est-ce que je fais cela ? »

Dans la première partie de cet article, nous avons montré que l’on ne doit pas avoir peur de quitter son job. Mais comment définir si notre travail nous donne assez bien ou nous fait trop de mal ? En se demandant « Pourquoi ? », on va plus loin dans les raisons qui font que l’on fait ce travail dans cette entreprise.

Pourquoi faites-vous ce travail ? Est-ce parce que vos parents vont vous blâmer si vous quittez un emploi ? Est-ce à cause de l’argent ? Est-ce parce que vous avez peur de ce qui va se passer ensuite si vous démissionnez ? Est-ce parce que vos collègues ne comprendront pas si vous démissionnez ? Ou au contraire, est-ce parce que ce travail est complètement en phase avec votre philosophie intérieure et avec qui vous êtes vraiment (et non pas ce que les autres veulent que vous soyez) ?

Obtenir la réponse au « Pourquoi ? » n’est pas facile . Vous devez vraiment être honnête avec vous-même et être prêt à découvrir au plus profond de vous-mêmes les raisons pour lesquelles vous faites ce job. Prenez-le comme un jeu, demandez « Pourquoi ? » encore et encore, jusqu’à ce que vous atteigniez votre propre conviction et non pas ce que d’autres vous ont suggéré. Par exemple, si en demandant « Pourquoi ? » vous répondez « parce que je le dois » ou « parce que c’est comme ça », vous avez atteint un dogme de la société et non pas votre conviction intérieure. Vous avez besoin d’aller plus loin et vous demander « pourquoi dois-je faire cela ? » ou « pourquoi est-ce que c’est comme ça ? ».

Nous allons terminer cet article par une citation par Steeve Jobs qui j’espère vous aidera à vous lancer dans votre quête :
« Votre travail va occuper une grande partie de votre vie, et la seule façon d’en être vraiment satisfait est de faire ce que vous savez être un grand travail. Et la seule façon de faire un grand travail est d’ aimer ce que vous faites . Si vous n’avez pas encore trouvé ce job, continuer de le chercher . Ne vous contentez pas de ce que vous avez. Comme en amour, vous saurez quand vous l’aurez trouvé. Et, comme toute grande relation, il deviendra de mieux en mieux au fur et à mesure du temps. Alors continuez à le chercher jusqu’à ce que vous le trouviez. Ne vous contentez pas de ce que vous avez . »

Nous vous souhaitons bon courage dans votre quête intérieure ! Et que vous soyez heureux ou malheureux au travail, on est très intéressés de connaître vos réponses à vos « Pourquoi ? » ! N’hésitez pas à les partager avec nous !

2 thoughts on “Rencontre avec Mod : Ou comment aimer ce que l'on fait

  1. It’s a really interesting topic and I’ll watch the TEDx video (when I’m not at work :p).
    I like what you say about doing something that matters to society. Totally agree!

    Also I’d like to add, spending money on something you don’t /need/ (out of the 4 basics) can be very satisfaying because you know why you worked: to be able to afford it. And also, it shows that you can afford time and money on leisure, SO it means you don’t have to worry about making it to the next day (in broad words).

    That is what being wealthy is I believe: you don’t have to live on a day to day basis (what happens if the chicken get sick) so you can dream of the future… you’re more relaxed because you can chose what you do and not just do what you have to (feed the chicken everyday so you can feed yourself, etc.) so you’re healthier…

    I think whenever you keep doing things that are a necessity, it’s a kind of work, and it can’t make you happy all by itself, just like a trader who keeps earning money with no time for his /actual life/ can’t be happy.

    What do you think?

Répondre à Laura C likes the consumer society (at the very least I don't hate it) Annuler la réponse

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