Karakoram Highway - 24 au 25 novembre 2016

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Pour comprendre notre situation à ce stade de l’aventure, vous devez savoir trois choses :
1. la frontière entre la Chine et le Pakistan est fermée du 30 novembre au 1er avril en raison du mauvais temps. Pour ceux qui pensent qu’il est exagéré de fermer la frontière unique entre deux pays pendant 4 mois, voici une précision : la frontière est située à une altitude de 4800 mètres ! (c’est la partie occidentale de l’Himalaya),
2. il n’y a qu’une seule route traversant la frontière, la route de Karakoram (KKH) qui est un axe de commerce primordial pour la Chine et le Pakistan. C’est en fait un des chemins qui fut emprunté pour la Route de la Soie, et c’est aussi l’une des plus hautes routes goudronnées du monde,
3. la dernière grande ville avant la frontière, Kashgar était déjà sous le mauvais temps quand nous sommes arrivés là… Il n’était pas censé neiger, mais il avait commencé à neiger la veille de notre arrivée !

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Seulement nos traces de pas à la gare des bus

La station des bus longue distance avec des bus pour le Pakistan était donc vide (pas un bus ET pas un employé), il y avait une bonne couche de glace sur les routes, et personne ne semblait savoir comment faire pour aller au Pakistan. « Personne, sauf… les Pakistanais » avons-nous pensé. Par chance, nous avons déniché le nom d’un hôtel à Kashgar où semble-t-il beaucoup de Pakisnais descendent, Seman Hôtel. Nous sommes donc allés là-bas. Premièrement, nous avons rencontré des gens plus sympathiques que jamais, et deuxièmement ils nous ont dit qu’ils allaient aussi retourner au Pakistan dans les prochains jours, que c’était facile, et que nous avions juste besoin de nous rendre à un endroit précis pour demander de partager une voiture jusqu’à Tashkurgan, la dernière ville en Chine. Ce ne fut pas si simple que ça pour nous mais un matin nous avons réussi à trouver cet endroit (après quelques incompréhensions avec les Chinois) et trouver une voiture ! En fait, la voiture que nous avons partagée était un pick up qui s’est arrêté dans un entrepôt sur le chemin pour charger à bord des bouteilles de gaz (sympa quand vous savez que vous allez conduire sur une route gelée pendant 300 km avec une élévation de 1500 mètres) et des tonnes de légumes (au moins nous n’allions pas mourir de faim). Lorsque nous y réfléchissons, nous avons traversé la route de la soie dans un camion rempli de marchandises, notre façon de perpétuer cette route commerciale ! Nous étions avec deux autres passagers, l’un d’entre eux pas très bavard et l’autre un homme très gentil d’une quarantaine d’années et venant du Tadjikistan, qui rentrait chez lui. Aucun d’eux ne parlait anglais et le tadjik essayait de communiquer avec nous à l’aide du traducteur de son téléphone. Nous avons répété au moins dix fois que nous voulions aller à Tashkurgan et non au Tadjikistan, le chauffeur semblait comprendre, mais nous étions encore un peu inquiets au début du voyage de ne pas tous avoir la même destination… Le plus inquiétant c’était que notre chauffeur évitait de manière évidente quelque chose sur la route (des contrôles de police ?), en quittant plusieurs fois la route principale pour y revenir après avoir fait un détour. Après une heure de route, nous nous sommes arrêtés pour le déjeuner et le tadjik, Rajabali, nous a invités au restaurant (et nous a même payé les toilettes…!).

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Rajabali, Alex et le pick up

Après cela, la route a commencé à monter, plus gelée que jamais, mais notre chauffeur avait l’air de savoir ce qu’il faisait. Nous nous sommes arrêtés en route pour décharger le gaz et les légumes dans un bâtiment au milieu de nulle part. En partant, notre chauffeur s’est rendu compte que le pick-up, déchargé, n’était plus assez lourd sur la route glacée, donc il s’est arrêté pour que nous mettions quelques grosses pierres à l’arrière ! Après quelques kilomètres roulant lentement sur la glace et sous les nuages, nous avons été soudainement éblouis par un rayon de soleil et sommes arrivés sur une route parfaitement sèche ! Nous étions au-dessus des nuages, à 3500 mètres d’altitude ! Voyant toutes ces montagnes autour de nous, et les lacs, et les dunes de sable, nous étions subjugués ! Nous avons soudain compris pourquoi la Karakoram Highway était appelée la 8ème Merveille du Monde !

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Nous avons conduit au milieu d’une grande plaine jusqu’à Tashkurgan, ne pouvant pas quitter des yeux les montagnes autour de nous et les chameaux paissant tranquilement. Le chauffeur a laissé Rajabali à un hôtel au milieu de nulle part, devant une route qui tournait pour aller vers le Tadjikistan. En fait, dans cette région, la Chine, le Tadjikistan, l’Afghanistan et le Pakistan se situent à 250 km l’un de l’autre ! Tashkurgan est au milieu d’une plaine entourée de montagnes, il y a seulement deux routes principales et tout est accessible à pied. À Tashkurgan devinez quoi, l’auberge nous voulions aller était fermée et l’hôtel nous avons été conduits par une jeune chinoise était horriblement cher. Nous avons donc commencé à flâner dans les quelques pâtés de maisons composant la ville, et tout à coup nous avons été salués sur le trottoir par deux hommes qui semblaient être Pakistanais. L’un d’entre eux nous a invités dans son restaurant devant lequel nous étions passés, et l’autre nous a conduits à un hôtel juste à côté, propre et avec un bon prix.
Après avoir déposé nos affaires dans notre chambre nous sommes retournés au restaurant et avons dégusté notre premier repas pakistanais, simple mais bon, beaucoup de légumes et du pain plat. Le propriétaire du restaurant, Rehman, était également guide et il nous a parlé de beaucoup de choses à faire au Pakistan ! Quand nous sommes retournés à notre hôtel nous avons rencontré à l’entrée un pakistanais, Tajammul, qui nous a salués et nous a dit qu’il était heureux de nous rencontrer parce que cela faisait deux semaines qu’il était en Chine et il avait trouvé les gens pas très sympas ! Il nous a conseillés de venir tôt pour prendre le bus pour le Pakistan le lendemain car il l’avait raté le jour d’avant. Et c’est ce que nous avons fait !

Prendre le bus pour le Pakistan ne fut pas la chose la plus facile, nous sommes arrivés très tôt au bureau de l’immigration chinoise, où on achète également les billets pour le bus. Tout était fermé et nous avons attendu deux heures dans le froid glacial que cela ouvre. Une hongkongaise est arrivée, backpackeuse comme nous. Des pakistanais ont commencé à se rassembler autour de nous avec des tas de marchandises, des ballots énormes, des valises… Nous avons commencé à avoir peur de ne pas avoir de place dans le bus. Lorsque le bureau a ouvert, tout le monde s’est précipité en tendant son passeport pour obtenir les billets ! Heureusement l’officier avait vu que nous attendions depuis longtemps et a pris nos passeports parmi les premiers et nous les a rendus avec nos tickets de bus. Nous irions au Pakistan aujourd’hui !

Après une longue attente, nous avons commencé à nous rassembler autour du bus, et à charger les marchandises. Quelques fourgonnettes sont arrivées pour prendre les passagers et les marchandises qui ne pouvaient pas rentrer dans le bus. Le bus était assez vieux avec des sièges couchettes, pas très confortable pour un voyage de jour. Il y eut un dernier contrôle militaire, où nous avons avec surprise expérimenté la galanterie chinoise quand l’officier chinois a dit « Les dames d’abord » invitant la hongkongaise et moi à doubler toute la queue pour monter les premières dans le bus. Les autres furent ensuite tous autorisés à monter dans le bus et nous avons commencé le voyage. Celui-ci fut agréable, bavardant avec les Pakistanais et en particulier Tajammul nous avions rencontré la veille. Il y avait des sacs partout sur le sol et les gens fumaient beaucoup ! Après avoir traversé une belle vallée, nous avons commencé l’ascension vers le col du Khunjerab, la plus haute frontière du monde. Je pense que je n’oublierai jamais ce moment où nous avons traversé l’arche marquant la frontière, lorsque tous les Pakistanais ont crié d’une seule voix : « Vive le Pakistan ! »

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Arrivée sur l'arche
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On passe la frontière !
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Nos quelques kilomètres au Pakistan ont été ponctués de rires, obversations de bouquetins (ils vivent à très haute altitude), superbes paysages enneigés, et échanges d’adresses email. Après seuelement quelques minutes au Pakistan, nous avions assez d’invitations pour remplir tout notre séjour dans tout le pays. Quelle différence avec ce que nous avions vécu jusqu’ici en termes d’hospitalité !

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Nous sommes arrivés à Sost au milieu de l’après-midi, comme sortant d’un rêve. Même si la frontière est au col du Khunjerab, c’est à Sost que nos passeports ont été vérifiés et que les précieux tampons pakistanais ont été appliqués à l’intérieur.

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Le gardien de la barrière à Sost

Puis nos nouveaux amis pakistanais nous ont invités à nous joindre à eux dans un minivan qui nous a déposés à Passu où nous voulions rester pour la nuit. Nous les avons quittés, nous promettant de nous revoir, toujours aussi surpris de voir à quel point cela fait du bien d’être dans ce pays dans lequel j’avais peur d’aller au premier abord.

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